La rondeur dans l’épure
C’est dans le décor futuriste des espaces d’Abraxas signés Ricardo Bofill, à Noisy le Grand, que Christophe Josse a choisi de camper le décor de sa collection. « Cette saison, mes mains sont volontaires, désireuses de faire, parfaire, sans jamais contraindre. Ce qui m’intéresse c’est la fausse épure. La haute couture, ce n’est pas une débauche de paillettes. C’est quelque chose d’abouti, et de désirable, qui donne envie qu’on tende la main pour se l’accaparer ». Une histoire de lignes, de matières, une alchimie tactile, foisonnante de contrastes, à l’image de ces sandales de corde soulignées de médaillons bagués d’or, ou de ces boucles de ceinture aux gouttes en verre soufflé. Une dizaine de silhouettes, pour une collection à la fois contemporaine et tout en réminiscences « d’un passé diffus ». Des crêpes de laine, des fourrures d’astrakan réalisées avec du mohair et du cachemire, sur un blouson d’aviateur en faille ponctué d’un grand col, une combinaison de jersey ivoire, des marqueteries de dentelles anciennes, très graphiques. Un rien, c’est tout.

« Je vois à travers le travail des ateliers, un savoir-faire qui se transforme dans la gestuelle. J’aime la manière dont les artisans s’approprient le vêtement, disent « c’est ma robe ». J’aime la manière dont la première d’atelier pose ses mains sur un satin cuir, et garde la volupté d’une texture. Cela prend du temps. Ce côté un peu « gras » ce n’est pas un tissu qu’on écrase au fer, c’est quelque chose qu’on met à l’intérieur, de l’organza « pour donner du rond ». Un travail de construction indicible à l’œil, mais qui est « tactile » et qui devient sensuel, ondoyant, et qui apporte une vie. « L’intelligence de la main m’émeut. C’est au-delà de l’expertise, il y a un cœur qui bat dans l’envie de tirer l’histoire vers le haut. »